Les memecoins terminent l’année au plus près de leurs planchers. C’est un retournement brutal par rapport à l’emballement de Noël 2024, quand tout ce qui avait un logo drôle et un nom accrocheur semblait capable de doubler en quelques heures. Le scénario est toujours le même. La foule arrive, la volatilité devient un sport collectif. La foule repart, et le marché se transforme en couloir glissant.
Les chiffres, eux, ne font pas de poésie. Sur un an, la capitalisation du secteur a fondu d’environ 65% pour tomber autour de 35 milliards de dollars au 19 décembre, point bas de 2025, avant un petit sursaut vers 36 milliards. À Noël 2024, l’ensemble frôlait les 100 milliards. L’écart donne le ton : on est passé du feu d’artifice au mégot froid.
Et ce n’est pas seulement une affaire de courbes rouges. Le volume a dégonflé en même temps, avec une baisse d’environ 72% sur l’année, à 3,05 trillions de dollars. Traduction simple : la table de poker a moins de joueurs, et la maison distribue moins de jetons gratuits. Dans un univers où l’attention vaut parfois autant que le capital, c’est un signal qui pèse lourd.
Quand la politique fait pump puis facture
En 2024, une partie de la hausse n’était pas uniquement “financière”. Elle était narrative. Les memecoins ont souvent servi de proxy émotionnel, une manière de miser sur une ambiance plus que sur un modèle économique. On achetait un mème, une appartenance, un clin d’œil de communauté. Le prix suivait, parfois sans demander d’explication.
La présidentielle américaine a joué le rôle de carburant. Des tokens thématiques ont poussé partout, portés par les réseaux, les launchpads et une activité on-chain frénétique. La politique devenait un produit. Et le produit, un jeu de réflexes. Un tweet, une vidéo, une rumeur, et le “pump” se déclenchait comme une alarme.
Sauf qu’un récit peut aussi se fissurer d’un coup. En 2025, la même mécanique a accéléré la descente. Des lancements très médiatisés liés à des figures publiques ont laissé un goût étrange. Un memecoin associé au président américain Donald Trump, ou encore Libra lié au président argentin Javier Milei, ont cristallisé une bascule. Quand les chutes s’enchaînent et que la question des insiders s’invite dans la conversation, la confiance ne se négocie plus. Elle se retire.
Et le marché des memecoins, sans confiance, ressemble vite à une fête où la musique s’arrête : chacun regarde la sortie, personne ne veut être le dernier à éteindre la lumière.
Le froid gagne aussi les NFTs en crypto, symptôme d’un marché plus exigeant
Le plus intéressant, c’est que les memecoins ne sont pas un cas isolé. Les NFTs, autre poche très spéculative de la crypto, ont aussi touché un plancher en décembre. La valorisation du secteur est retombée à environ 2,5 milliards de dollars, plus bas de 2025, soit une chute d’environ 72% depuis un pic proche de 9,2 milliards en janvier, pendant que d’autres récits crypto cherchent déjà un nouveau carburant comme Ethereum et ses nouveaux sommets possibles en 2026.
