Coinbase se retrouve une nouvelle fois dans la tourmente judiciaire. Accusée d’avoir collecté et partagé illégalement des données biométriques de ses utilisateurs, la plateforme crypto devait affronter un procès aux lourdes conséquences. Mais un rebondissement inattendu vient d’apporter un souffle temporaire : un tribunal fédéral de l’Illinois a décidé de mettre le dossier sur pause.
Pas d’acquittement, pas de victoire non plus, mais une suspension stratégique en attendant qu’une autre affaire, jugée voisine, éclaire le terrain juridique. Une décision qui soulève autant de questions qu’elle n’en résout, et qui laisse Coinbase dans une zone grise où chaque mouvement sera scruté.
Un procès repoussé en attendant un précédent juridique
Plutôt que de plonger dans un affrontement long et complexe, la juge Sharon Johnson Coleman a préféré attendre.
Son raisonnement est simple : une autre affaire, impliquant Nuance Communications et Charles Schwab, pourrait bientôt fixer les contours de la loi BIPA sur la protection des données biométriques. Autant patienter pour juger Coinbase avec une grille claire, plutôt que de naviguer à vue. Résultat : le procès est suspendu, mais pas enterré.
Pour l’exchange, cela ressemble à un répit inespéré. Pour les plaignants, c’est une frustration, mais aussi l’espoir que la future décision d’appel leur donne un avantage décisif.
La biométrie au cœur du litige
Derrière la procédure, les accusations sont explosives. Coinbase est soupçonné d’avoir collecté des empreintes faciales de ses clients dans le cadre de son processus KYC sans fournir l’information requise par la loi.
Pire encore, ces données hautement sensibles auraient été partagées avec des partenaires tiers, sans consentement explicite. Pour les utilisateurs, c’est donc une double trahison : atteinte à la vie privée et manque de transparence.
Pour la justice, c’est une violation possible du BIPA, passible de milliers de dollars d’amendes par infraction. Si les faits sont confirmés, l’addition pourrait être colossale.
Coinbase sous le feu d’un double soupçon
Le timing ne pouvait pas être plus défavorable pour la plateforme. Quelques mois seulement avant cette affaire, Coinbase avait été éclaboussée par un scandale de fuite de données.
Des sous-traitants indiens auraient tenté d’extorquer 20 millions de dollars en Bitcoin après avoir accédé illégalement à des informations sensibles. Même si l’attaque n’a pas abouti, l’image de Coinbase a déjà pris un coup. Avec ce nouveau dossier biométrique, la confiance des utilisateurs vacille encore un peu plus. Aux yeux du public comme des régulateurs, la question n’est plus seulement de savoir si Coinbase est innovant… mais s’il est fiable.
Une décision qui dépasse le cas Coinbase
Ce procès suspendu ne concerne pas uniquement Coinbase. Il pose une question beaucoup plus large : jusqu’où les géants du numérique peuvent-ils aller dans l’utilisation de la biométrie ?
La décision qui émergera dans les prochains mois fera jurisprudence, et ses répercussions dépasseront largement l’écosystème crypto. Banques, fintechs et plateformes d’échange devront toutes revoir leurs pratiques. L’affaire rappelle que la biométrie, aussi pratique soit-elle, n’est pas un jouet technologique. Elle engage des droits fondamentaux, et sa gestion pourrait bientôt être scrutée avec autant de sévérité que la sécurité financière.
Conclusion
Ce qu’il faut retenir, c’est que Coinbase vient de gagner du temps, mais pas la bataille. Le sursis accordé par la justice ressemble à une bouffée d’air… qui pourrait vite se transformer en vent contraire selon l’issue du procès parallèle.
En attendant, l’exchange reste fragilisé, pris entre les doutes de ses utilisateurs, les soupçons d’abus et l’œil des régulateurs. L’affaire illustre surtout un virage décisif : la biométrie n’est plus un gadget de sécurité, mais un champ de confrontation juridique et éthique. Si Coinbase trébuche, c’est tout un secteur qui sera obligé de redéfinir ses standards. Et une chose est sûre : l’avenir des données biométriques dans la finance numérique ne sera plus jamais laissé au hasard.